Quand les ténèbres viendront, l'intégrale de Isaac Asimov



Éditeur : Denoël — lunes d'encre — Nb de pages : 554
Série : / 
Catégorie : Recueil de nouvelles — SF



Ce livre m'a été proposé en partenariat par les Éditions Denoël que je remercie pour cette belle découverte et la confiance accordée.





Isaac Asimov est né en 1920 à Petrovitchi (aujourd'hui en Russie) et est décédé en 1992 à New York. Il a été naturalisé américain en 1928.

Surtout connu pour ses œuvres de science-fiction et ses livres de vulgarisation scientifique... il est l'auteur de 470 ouvrages !

Détenant un doctorat en biochimie, il a aussi exercé comme professeur à l’université de Boston.  




Lagash est une planète extraordinaire dont les habitants ne voient jamais la nuit puisque leur système solaire est composé de six soleils. Or, voici venir un événement terrifiant : le crépuscule tombe sur Lagash. Des six soleils, il ne reste plus que Bêta à briller, lequel commence à faiblir singulièrement. Dans quelques heures, les ténèbres viendront, et avec elles la fin de la planète, prétendent les savants. Mais pourquoi les habitants de Lagash ne supporteraient-ils pas la nuit ? Auraient-ils si peur des étoiles ? 


Voici, pour la première fois en France, l'édition intégrale en un seul volume de Nightfall and Other Stories, souvent considéré comme le meilleur recueil d'Isaac Asimov. Une somme qui permet de découvrir ou redécouvrir l'extraordinaire talent de ce géant de la science-fiction.



Lire un livre d'Asimov, c'est plonger dans le plaisir, et se laisser porter par les mots d'une simplicité déroutante, aborder des mondes merveilleux... bref, rêver en lisant.


Ce livre étant un recueil, il ne comporte pas une, mais 20 nouvelles, écrites entre 1941 et 1967 et classées chronologiquement. De la SF, des réflexions sur le monde, quelques intrigues... ces nouvelles sont considérées comme ses meilleurs textes et sont toutes préfacées de l'auteur lui-même.

La liste des nouvelles est citée ci-après avec un petit mot sur chacune.


Difficile de réaliser un article complet sur des nouvelles... je vais donc, comme souvent, reprendre les titres de chacune et donner au fil de cette liste, quelques informations.

* Quand les ténèbres viendront est la première nouvelle de ce livre et ouvre sur un monde particulier, il n'y fait jamais nuit. Six soleils se suivent et s'entrecroisent pour éclairer cette drôle de planète, dans un cycle de 2500 ans. L'histoire commence alors que le dernier de ces soleils décline et que les ténèbres s'annoncent, amenant leur lot de peur, de folie puisque ces êtres ne voient jamais le noir. Dans un style très efficace, avec des mots d'une simplicité déroutante, Isaac Asimov nous entraîne vers la claustrophobie et la peur de tous les hommes : que notre soleil s'éteigne. Dans cet univers, la lumière n'existe pas, puisqu'ils n'ont pas de cycle journalier avec une alternance, et donc pas de nécessité de s'éclairer. Ce qui donne un autre des frayeurs, une fois le dernier soleil éteint, la folie gagnera les villes et le seul moyen de créer un brin de lumière sera de faire du feu. J'ai adoré cette courte nouvelle, qui m'a fait réaliser à quel point nous sommes attachés à nos habitudes, à notre soleil, et combien il serait aisé de sombrer dans la folie.

* Taches vertes ou le culte de la pensée unique. Cette courte nouvelle, écrite en deux voix, présente les hommes d'un vaisseau spatial rentrant sur Terre et la pensée d'un ver venu d'une planète lointaine ou tous les organismes sont liés entre eux... son but étant de coloniser les fragments de vie afin de leur offrir l'unification. Ce texte présente une allégorie de la pensée unique, dangereuse et prône la liberté des individus. Je ne peux que cautionner même si je n'ai pas été conquise par l'ensemble que je trouve un peu survolé.

* Hôtesse est une nouvelle qui m'a moins emporté, même si elle pose des questions qui me touchent, comme la différence et l'acceptation des autres. La préface de l'auteur par contre m'a beaucoup plu. J'aime bien cette façon de présenter chaque texte, d'en donner une petite explication et de les lier à sa vie personnelle.

* Y a-t-il un homme en incubation ? est un texte bizarre, où l'auteur nous place en position de microbes sur une planète de test, avec des êtres supérieurs, ailleurs, qui nous regarderaient évoluer et joueraient les savants fous en permettant certaines avancées, comme l'arme atomique. J'ai eu du mal à cerner cette histoire, au départ, mais la fin est vraiment intrigante. Comme pour le texte précédent, elle laisse une question en suspens...

* Vide-C, et un héros atypique. J'ai bien aimé cette nouvelle, très futuriste, avec un combat entre un homme et des extraterrestres. L’auteur prend soin de bien montrer que ces êtres, venus d’ailleurs, ne sont pas forcément des vandales sauvages et sanguinaires... et que les héros ne sont pas toujours ceux que l'on attend. Jolies trouvailles technologiques, aussi.

* En une juste cause... Cette nouvelle est plus politique et traite de deux hommes, amis au départ, séparés par la guerre interstellaire et leurs idéaux. Je n'ai que moyennement accroché.

* Et si... est, avec la suivante, une nouvelle un peu plus Fantastique que SF. Il n'y a pas de réelle invention ou technologie du futur, pas de voyage dans l'espace, etc. Juste un couple confronté à cette question : Et si. Et s'ils ne s'étaient pas rencontrés cinq ans auparavant ? Une succession de « Et si » va en découler, créant quelques tensions dans leur couple.
Dans la préface, Isaac Asimov explique que :
« L'amour n'occupe pas de place prépondérante dans mes histoires. Pourquoi ? Je laisse ça au psychiatre de service. Je me contente de noter le fait.
Parfois, il y a des femmes dans mes nouvelles. En de rares occasions, comme dans “Hotesse”, la femme est même le protagoniste. Mais même alors, l'amour reste un facteur secondaire, quand il apparaît. »(296)
 Et c'est vrai que c'est une belle histoire d'amour. Peut-être une des raisons qui en fait, en cet instant, le texte que j'ai préféré dans ce recueil.

* Sally. Jolie petite nouvelle à la limite de la SF et du fantastique, avec une belle morale et une fin intéressante. Les bases des IA, chères à l'auteur, affleurent dans ce texte. Je voulais absolument vous citer ce petit passage et noter que le texte a été écrit en 1953...
 »Les automatiques avaient changé tout ça. Un cerveau positronique réagit beaucoup plus vite qu'un cerveau humain, bien entendu, et les gens avaient avantage à, e pas toucher aux commandes. On montait, on poussait des boutons pour indiquer sa destination, et la voiture partait toute seule. » (325)
Les mouches. L'une des nouvelles que j'ai le moins appréciées. Asimov nous fait un petit complexe sur le style ! Et écrit un texte qui n'apporte pas grand-chose, à mon avis. Un brin d'humour, caustique à souhait.

* Personne ici, sauf... Ah, voilà un texte très amusant, ou l'amour, à nouveau, prend une place importante. À noter que l'inventivité d'Asimov, avec de nombreuses années d'avance (1953), sur les inventeurs d'ordinateurs compacts.

* Quelle belle journée ! Cette nouvelle est une des plus réussies. Elle présente un sujet qui n’apparaît que peu dans les autres écrits de l'auteur, la nature ! La nature, ici oubliée par les humains, qui vivent en vase clos, se déplacent par des sas de téléportation, et ne sortent jamais de leurs maisons. Ils ont donc oublié que dehors, les oiseaux chantaient, les fleurs embaumaient l'air, et que parfois, bien sûr, la pluie venait chambouler le tout. Mais, quand le soleil reprend ses droits et que l'on peut se promener, quelle belle journée !

* Briseur de grève. Une étude de société, sur fond de différence sociale, avec un texte court et bien construit. Joli rapprochement et travail sur les castes, sur les métiers tabous, rendant les hommes inférieurs.

* Introduisez la tête A dans le logement B. Superbe ! un texte très très court (une page et demie), mais follement drôle.

* Le sorcier à la page. La potion d'amour, rien de moins, pour notre auteur spécialisé en SF. Du coup, ce texte aux allures Fantastique m'a moins plu. Inspiré d'un texte cité à la fois en préface et dans la nouvelle, Asimov a voulu rendre une sorte d'hommage à l'humour. Autant dire que je n'ai pas trouvé cela très drôle et que je préfère lorsqu'il se laisse aller au naturel.

* Jusqu'à la quatrième génération. Un texte un peu différent et assez agréable, écrit, comme souvent, sur commande, avec pour objectif de faire réapparaître un nom. Asimov y a glissé un brin de religion, ce qu'il fait rarement, avec toujours ce respect, cette neutralité qui en font un des auteurs que j'apprécie.

* L'amour, vous connaissez ? Et, là, j'ai adoré ! Que d'humour dans cette nouvelle satirique, volontairement tournée pour se moquer d'autres textes sortis dans les années 1938-39 dans des revues masculines prônant des « relations » (consenties ?) entre des terriennes aux formes gracieuses et des extraterrestres. Ici, Asimov place deux humains en position de cobayes et les extraterrestres analysent leurs comportements, s'étonnant de nos différences, de nos interactions. Magique.

* La machine qui gagna la guerre. Ou l'histoire d'hommes qui n'ont pas fait confiance à cette fameuse machine, un méga ordinateur, et ont, chacun à leur tour, modifié les résultats. Je n'ai pas trouvé de grand intérêt à ce texte, même si la mouvance SF y est très marquée.

* Mon fils, le physicien. Un joli hommage aux mamans, dans une nouvelle où l'on retrouve la machine du texte précédent. Ce texte écrit sur commande est paru en 1962.

* Les yeux ne servent qu'à voir. Une sorte de conte philosophique, très agréable à lire, avec les sens des hommes mis en exergue. Le talent d'Asimov dans toute sa grandeur, avec, pourtant, une simplicité des mots, des phrases, qui en font un auteur particulièrement appréciable et facile à lire.

* Ségrégationniste. Ce dernier texte se veut court et très SF. L'auteur lui-même évoque les avancées médicales, puisque la première greffe de cœur a été faite l'année de sortie de texte, ce qu'il précise dans la préface. Quand la réalité rattrape la fiction... 


Les mots pour : Style fluide, inventivité, réflexions philosophiques, humour, avancées technologiques.

Les mots contre : /

Notation : 18/20



Un pur plaisir, tout simplement, et l'envie de continuer à découvrir les écrits de cet auteur. Merci beaucoup aux éditions Denoël qui viennent de me faire basculer dans le camp des fans... 

2 commentaires :

Plume a dit…

J'hésitais à me lancer vu que je n'ai encore rien lu de cet auteur mais ton avis m'a convaincu de lui laisser sa chance :)

nanet a dit…

Si tu dois te lancer dans la découverte d'Asimov; le format des nouvelles est génial. Toutefois, dans le même format, je ne saurais que te conseiller les robots... qui est un des recueils phares, puisqu'il contient les lois de la robotique.

Biz

 

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