La porte aux oiseaux de Katie Hickman

"Immobile dans la tempête d'hystérie féminine, Celia constata qu'à part elle il n'y avait que trois personnes à ne pas être en train de courir ou de s'égosiller. Au centre de la pièce la Haseki se tenait toujours près de la magicienne. D'une extrémité de la salle, Hassan Aga, imposante silhouette couchée sur sa litière, l'observait sans ciller, tandis que de l'autre côté, toujours assise immobile sur le divan, se trouvait la Validé."

(P280)
Ce livre m'a été offert par les éditions JC Lattés et le site Livr@ddict.
Je les remercie pour ce magnifique partenariat.

L'auteur

Katie Hickman est née en Angleterre.

Fille de diplomate, elle a énormément voyagé dans son enfance, puis pour son propre compte dès ses vingts ans. Après plusieurs petits boulots, elle a choisi d'écrire.

Ce livre lui a demandé une quinzaine d'année de recherches historiques.

Résumé officiel

Constantinople, 1599. Une délégation de marchands anglais s’apprête à remettre au sultan une extraordinaire horloge mécanique, présent de la reine. Parmi eux, Paul Pindar porte depuis deux ans le deuil de sa fiancée Celia Lamprey, disparue en mer. Lorsqu’il apprend la présence, derrière les murs interdits du harem, d’une jeune femme ressemblant en tous points à son amour perdu, une quête impossible commence. La situation semble d’autant plus désespérée qu’au sérail une impitoyable lutte de pouvoir oppose la mère du sultan et sa favorite. Des siècles plus tard, Elizabeth Staveley, jeune universitaire, découvre un fragment de manuscrit concernant une belle captive. Tout de suite, elle se passionne pour cette histoire tombée dans l’oubli depuis quatre cents ans. 

Entre amours interdites et enquête historique, Katie Hickman nous livre une grande fresque romanesque, dans le monde envoûtant d’un harem ottoman.

La série

La porte aux oiseaux est suivi d'un autre roman : Le diamant Pindare.

Il semblerait qu'un troisième livre suive...

L'histoire

Loin d'être ésotérique ? non, et pourtant ce n'est pas un livre d'histoire. Ce livre est avant tout un roman contant une belle aventure, un peu triste avec la découverte d'un univers particuliers, celui des harems. Les faits historiques rapportés sont véridiques et s'appuient sur une longue recherche, sans toutefois alourdir le livre ou prendre le pas sur l'intrigue qui se déroule au fil de ses pages. Car oui, ce livre est aussi une enquête, deux pour être précise...

Voyons cela de plus près. Tout d'abord dans le prologue, nous suivons la fabuleuse découverte par une étudiante Anglaise d'une lettre, vestige sentant le camphre, la rose et la tristesse ! Elisabeth, notre héroïne contemporaine va s'enticher de ce document et vouloir découvrir toute l'histoire de la jeune femme qui y est décrite. Le mystère commence. Qui est Celia Lamprey ? Car, si la grande Histoire a retenu les noms de Pindar, de Dallam, il n'est nullement trace du naufrage de la Celia, navire anglais faisant route entre Venise et Londres... Est-ce pour autant qu'ils n'ont pas existé ? Ou bien le temps a simplement effacé leurs noms, leurs souvenirs...


Dès le premier chapitre, nous plongeons en 1599. Au temps où un facteur d'Orgues, Thomas Dallam, se retrouve immergé à Constantinople pour réparer (et recréer) un instrument fabuleux offert par les Anglais au Sultan Mehmet III. Qui n'a jamais entendu parler de ce cadeau ? Pourtant ce n'est pas cela que nous raconte Katie Hickman. Elle en parle, elle appuie sa trame sur ces faits réels. Ce n'est  toutefois qu'un décors, qu'une base pour partir dans une narration plus douce, plus complexe aussi. Pour nous immerger peu à peu au cœur du Harem, derrière la lourde porte de la Volière, là où ce bel instrument alliant musique et horloge sera rebâti. Juste derrière cette porte close. Dans ce lieu où les hommes n'ont pas accès... où les femmes règnent en maitresse et où se jouent mille petites guérilla de pouvoirs. Où le secret est le maitre atout. Le silence est d'or ! et les femmes soumises à cette loi deviennent des ombres.

Et la belle Celia, jeune anglaise que tous croient décédée lors du naufrage, parcours les couloirs obscurs de ce temple dévoué à un seul homme. Elle apprend. Ici les lois sont immuables et elle va rapidement comprendre que tout se sait, mais que rien ne se sait vraiment. Que la rumeur est souvent fausse, mais qu'elle s'appuie sur des vérités. Que chacune cherche uniquement à monter dans les rouages d'une société fermée où des jeux de pouvoirs s'affrontent entre les partisanes de la Validé - mère du Sultan - et de la Haseki - concubine attitrée et normalement, mère du futur Sultan. Celia rebaptisée Kaya va comprendre que son avenir est lié à ces deux femmes, qu'elle n'obtiendra qu'un semblant de liberté qu'en cédant soit à l'une soit à l'autre. Mais se refusant de devenir un simple instrument et osant braver les interdits elle va obtenir un instant de liberté. Un infime instant lui permettant un dernier regard sur la vie extérieure. Cette partie consacrée à Celia m'a touché, car j'ai bien sûr espéré qu'elle ne devienne pas concubine, qu'elle parvienne à sortir... bref qu'elle échape à son destin cruel. L'auteure nous emporte plus loin que nos espoirs...

L'extérieur du palais nous est montré avec le cheminement de Paul Pindar, fiancé à la belle Celia et qui découvre sa présence à Constantinople alors qu'il la croyait noyée. On pourrait alors imaginer une saga romanesque et rocambolesque avec des tentatives de corruptions pour franchir les portes ! Mais Paul Pindar va se révéler plus sage et n'osera compromettre l'avenir des échanges commerciaux entre les Compagnies commerciales Anglaise et le grand Vizir sur un commérage. Il tentera d'obtenir des réponses de façon détournées et l'auteure profite de cet arrangement pour dévoiler toute une partie sur l'astronomie que j'ai trouvé fort bien traitée. Paul Pindar a pour ami Jamal-Al-Andalus, un astronome qui se révélera avoir ses entrées au Palais... Tout est lié avec une grande dextérité. Rien n'est amené dans le livre sans trouver à un moment une raison d'être.

Pour la partie contemporaine, l'auteure à voulu nous montrer que les femmes peuvent encore être dévouée à un seul homme. Elisabeth est éprise d'un homme que je qualifierai de volage. Elle l'aime alors qu'elle a conscience de ses actes, de ses multiples partenaires. Le parallèle entre les deux situations est bien traité, sans démonstrations. Juste amené, dévoilé puis démonté. Dans le Harem, les femmes n'aiment pas le Sultan, mais leur mode de vie, leur semblant de liberté voire une véritable liberté lorsqu'elles parvenaient à épouser un des fidèles du Sultan si elles étaient assez malines pour ne pas passer dans son lit !  LA validé le raconte, si elle n'était pas devenue esclave elle aurait épousé un vieil homme et arpenterait les montagnes arides, sa peau craquelée par un soleil assassin... Elisabeth va se sortir de sa relation en plongeant dans Istambul, dans sa recherche d'un passé confus.

Quant à la fin, je vous laisse la découvrir... cela vaut vraiment le détour et je vous en ai déjà trop dévoilé.

Le style

Le style de Katie Hikcman est très simple, avec des mots courants, posés avec délicatesse. Pas de jeu de style, pas de longues phrases, bref cela se lit fort bien, sans effort. Les descriptions sont assez courtes tout en donnant pas mal d'informations.

La narration est extérieure pour les deux parties, contemporaine et celle relatant les faits de 1599. Les chapitres ont alternés mais pendant une grande partie du livre nous suivons surtout les histoires de La Validé, de Celia... bref, ce qui se trame au coeur du Palais. Cela donne beaucoup de fluidité au livre qui pêche par un manque d'action évident. C'est lent, doux, très suave mais il est clair que ce n'est pas un livre vif. Cela ne m'a pas dérangé, car tout baigne dans une ambiance orientale fantasmagorique et même l'éclairage donne une vision onirique qui a su me plaire.


Les personnages sont son point fort. chacun est traité avec justesse, depuis son enfance jusqu'au moment où il apparait dans l'histoire. L'auteure use de plusieurs stratagème pour nous parler des faits anciens, entre flash-back et souvenirs, rêve et secrets dévoilés au cours d'une conversation chuchotée... C'est donc amalgamé et à aucun moment on a la sensation qu'une partie aurait pu être ôtée. Tout se lie, tout s'enchaine.

J'ai beaucoup aimé la Validé, femme forte, conspiratrice, et qui tient les rênes du Harem. Celia, bien sûr. Un peu moins Elisabeth au début du livre que je trouvais un peu nunuche, mais son dépaysement oriental lui a fait le plus grand bien...

Autre petit plus qui m'a bien plu, est le fait d'avoir dès le début du livre, un rappel des personnages réels et imaginaires. Cela donne une idée du travail effectué par l'auteure pour marier le tout et rendre son histoire crédible.

Je ne reviens pas sur le temps  dans ce livre que j'ai abordé ci-dessus. Je voudrais juste noter que l'histoire se déroule en 1599 alors que Safiye est encore la Validé. Mais Mehmet III est décédé en 1603. Les femmes de cette histoires (les véritables) ont donc été envoyées au Palais d'hiver... et la Nouvelle Validé a été Handan, normalement. Peut-être est-ce ce que nous raconte Katie Hickman dans le livre suivant ? A moins que cela ne soit une nouvelle péripétie d'Elisabeth ?

Au final 

J'ai beaucoup aimé ce livre, et je pense lire la suite, dès qu'elle sera publié en France.

Je remercie encore les éditions JC Lattés et le site Livr@ddict pour ce beau partenariat.

6 commentaires :

Frankie a dit…

Ton avis donne vraiment envie de le lire ! C'est tout à fait le genre d'histoire dont j'étais friande il y a 10 - 15 ans, j'en lis moins de ce genre maintenant mais c'est dommage !

nanet a dit…

On a tous des périodes, pendant longtemps je n'ai plus lu de fantasy... En tous cas, ce livre est vraiment très sympa.

Véro a dit…

Les avis sont plutôt positifs sur ce livre mais il ne me tente pas pour l'instant... maintenant, de là à dire que c'est définitif, voilà un pas que je me garderai bien de franchir !

nanet a dit…

Voilà qui est fort sage ! Biz

Frankie a dit…

J'ai beaucoup aimé suivre la vie de Celia au coeur du Harem, une bien jolie histoire. Elizabeth m'a moins convaincue mais c'est vrai qu'elle devient plus intéressante à partir du moment où elle part à Istanbul. Merci encore pour ce joli livre !

nanet a dit…

Avec plaisir ! J'aime partager et ce livre est une vrai belle découverte, il en pouvait pas rester sur mon étagère...

C'est marrant que tu parles d'Elisabeth, je ne me souvenais plus de ce personnage et j'ai dû relire mon article pur qu'elle me revienne en tête ! Célia par contre était encore très présente.

Biz

 

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