L'hiver au coeur de Dalila Bellil





Éditeur : Editions Erick Bonnier - Nb de pages : 123
Série : / 
Catégorie : Contemporain - Drame





Enseignante et chargée de production comme de communication, originaire de Kabylie, et ayant vécu en France, elle s’attache à décrypter avec beaucoup de douceur les tragédies de nos sociétés déchirées.



Comment sauver notre mère quand une maladie aliénante a volé toute vérité sur celle qu'elle fut? Que deviennent les rêves d'avenir quand cette mère ne se révèle plus à la hauteur de nos souvenirs d'enfant?





Découvert sur le blog de C'éra, ce livre m'avait intrigué. Au décours d'un échange (swap) elle me l'a envoyé, afin que je puisse m'en faire ma propre idée. 


Lors du décès de sa mère, après une longue maladie, une femme fait son deuil, et à travers lui le bilan de leur relation.


Le sujet est difficile, et il serait facile de tomber dans le pathos, dans les larmes à outrance, dans une litanie de souffrance. Fort heureusement, l'auteure nous évite cet écueil, même si elle en met un autre en exergue. Pas de pleurs, ici. Un texte émouvant sur la mémoire d'une femme depuis longtemps partie, et sur les souvenirs cruels des instants passés avec un sosie de cette disparue au caractère si dur, si noir que tous l'ont fui, ou la craignent. De désespoir en désillusion, la cruauté de la vie des familles de personnes atteintes d'Alzheimer est montrée dans un roman aux allures de drame. 
"Et toi, maman, as-tu continué à aimer du fond de l'oubli ou les sentiments sont-ils morts avec la maladie? Que restait-il de vivant en toi? Est-on encore vivant quand on n'est plus capable d'aimer?" (p25)
Une fille qui écrit à sa mère. Voilà ce que ce roman traduit. Une lettre déchirante, un cri, long et parfois colérique, où se mêlent reproches et amour, tendresse et violence. Des mots simples, des mots puissants, par contre parfois un peu naïfs et maladroits.

À travers cet écrit, c'est l'histoire d'une famille que nous apercevons. Avec ces hauts et ses bas. Surtout ces bas. Car en ce jour de deuil, Victoire, la fille, ne parvient pas à voir les jours heureux. Elle focalise sur tout le mal, la douleur, les affres de ses proches. Et nous entrevoyons dans cette spirale vers les tréfonds de sa mémoire, tous les moments difficiles passés avec cette mère dépressive puis absente psychiquement.

C'est là mon regret le plus probant, outre les maladresses d'écriture, cette noirceur ambiante, ce cri vengeur. Cette mère est accablée. Certes, ce qui est narré n'en donne pas une idée très enchanteresse, mais ce texte est un peu à charge. La mort est là, et le pardon, lui, ne semble pas faire partie des mots que Victoire adresse à sa mère. Elle lui envoie tous les maux vécus, tous les remords, les chagrins. Elle l'accable.

Je ne suis pas particulièrement portée sur le pardon divin, mais j'avoue qu'en un tel jour, j'aurais aimé lire un peu plus de tendresse, d'amour. Alors, certes, Victoire a sacrifié une partie de sa jeunesse pour cette mère, mais, pourquoi le lui reprocher au jour de sa mort ? Ce n'est pas son choix, elle n'a plus de choix et c'est bien clair. Peut-on réclamer à un être inconscient des faits de notre propre volonté ?


Les personnages sont dépeints au travers des souvenirs de Victoire et chacun devient, un court instant, le principal protagoniste d'une anecdote, toujours en lien avec cette mère malade, ou auparavant, castratrice. Les sentiments de Victoire, en ce jour, donnent donc une vision faussée des autres, un brin trop noire. Mal gré tout, on ressent de l'amour pour se père un peu trop passif, pour ce frère déserteur d'une famille décomposée par la souffrance, pour cette sœur trop âgée pour avoir pu jouer avec elle...


Tout le texte alterne entre présent et passé. Les lieux sont peu décrits.


Les mots pour : Alzheimer bien décrite, style fluide

Les mots contre : Colère et manque de pardon

Notation : 14/20



Le début m'a surprise et conquise, mais bien vite, la colère et les remontrances de l’héroïne, la narratrice, m'ont épuisé. Fort heureusement, le livre est court, et le style fluide, simple et efficace.

1 commentaires :

c era una volta a dit…

Pouf, suis remontée pour le trouver ton billet de L'hiver au coeur :p

Alors, je suis retournée lire mon billet pour me remémorer en détails ma lecture et ce que j'avais pensé du roman. Et je vois que si l'on se rejoint sur certains points, notre avis diverge quant à la question du pardon et de l'amour de la fille pour sa mère. Il semble que dans cette description parfois très noire de la mère, j'ai quand même réussi à percevoir l'amour de la fille, le manque ressenti de cette mère souvent, longtemps, définitivement absente. Contrairement à toi le tableau noir maternel ne m'a pas lassée. Il est ce qu'il est, douloureux, de ces douleurs lancinantes qui usent mais parfois, les choses s'apaisent et laissent place par delà la souffrance à quelque chose de plus doux et apaisé. L'écriture de Dalila Bellil m'a conquise :)
Merci pour ton avis Nanet

 

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